La tisseuse

La tisseuse 800 400 Les rivières de [mo]

Conversation avec Kora. Musique écoutée : « Au delà du ciel » Domba Sanou

Terre de soleil
Terre de mystère
Je ne te connaissais pas
Je te découvre chaque fois
Terre chantante
Terre touchante
Tu me bouleverses
Tu me renverses
À travers tes chemins, j’ai entendu les histoires
Dans les yeux des tiens, j’ai vu toutes ces choses
De la construction du monde
De la richesse des hommes
De toutes ces histoires, je raconterai les miennes
À commencer par la sienne
Celle de cette toute petite femme
Cette grande dame
Celle qui console nos âmes
Je veux conter celle qui porte sans fléchir
Celle qui accueille et nourrit
Celle qui donne pour s’enrichir
Si vos oreilles sont prêtes, ma voix ne peut rester muette
Car c’est à moi il me semble de transmettre

Elle était née de ce rien
Dans ce rien se mélangeait à peu près tout
Tout et n’importe quoi d’ailleurs
Des vendeurs, des acheteurs
Des coupeurs, des pousseurs
Des démolisseurs, des constructeurs
Des embellisseurs, des enlaidisseurs
Des calmes, des agités-agitateurs
Des créatifs, des rationnels
Des désordonnés, des obsessionnels
Des manuels, des intellectuels
Des généreux, des profiteurs
Des picoreurs, des dévoreurs
Et tant de choses encore qui font que le monde est monde
Et que dans toutes ses couleurs
Malgré tout
La palette ne s’équilibre pas
Et dans ce rien, le chaos prenait racine
Et dans ce rien, les âmes devenaient chagrines
Blessées sans fin par l’envie, la cupidité, la violence
Mutilées petit à petit par tant de maux
Que la misère et la tristesse s’abattaient peu à peu sur les cœurs

Et dans ce rien, elle était là
Là, cette petite femme
Tout aussi blessée, tout aussi meurtrie
Grande dame, elle avait le vague à l’âme nomade
Elle gardait chaque coup, chaque brimade, vu ou vécu
Comme un trésor, précieusement
Et elle attendait
Je ne sais pas ce qu’elle attendait, là, au milieu de ce rien
Je ne sais pas pourquoi elle gardait toutes ces choses
Les siennes et celles des autres
Toutes ces souffrances, toute cette douleur
Et cela dura longtemps
Longtemps
Elle parcourait le rien, récoltait, se remplissait
Prenait les histoires des uns et des autres
Et gardait, gardait, gardait
Mille vies en une seule
Sans jamais s’alourdir, toujours avancer sur les chemins du rien
Et continuer toujours
Et encore

Et puis, un jour, elle s’est mise à échanger
Je ne sais pas pourquoi
Je ne sais pas comment elle avait eu l’idée
Elle s’est mise à échanger
Un coup contre une caresse
Une insulte contre un merci
Un pleur contre un sourire
La peur contre la chaleur
Et les âmes ont commencé à changer
Les âmes ont commencé à lui parler
Les âmes lui ont donné
Je ne sais pas ce qu’elles disaient
Je ne sais pas ce qu’elles donnaient
Mais je sais qu’elle, elle prenait
Elle prenait comme elle l’avait fait pour le reste
Elle prenait les changements
Elle prenait les paroles
Elle prenait ce qu’elles donnaient
Elle en tirait chaque fibre
Et le soir, la nuit, quand les âmes allaient se coucher
Chaque fois que l’une d’entre elles avait déposé quelque chose
Elle se mettait à trier et à filer
Filer chaque fil argenté reconstitué
Reconstitué de toutes les histoires
Les coups, les pleurs, les insultes, la honte, la tristesse, la peur
Mais aussi la reconnaissance, le bonheur, l’espoir
Et elle se mit à tisser et tisser encore
À chaque fois qu’elle rencontrait une âme
Un nouveau fil venait renforcer le maillage
Et puis, vint le moment où elle ajouta des broderies
Les plus belles broderies reprenaient quelques passages que quelques âmes lui avaient contés
Qui l’avaient touchée
Quelques scènes qu’elle avait échangé contre d’autres histoires
Pour réchauffer le cœur
Pour calmer la douleur
Pour combler la solitude
Une âme donnait un fil, qu’elle transmettait à une autre
Qui donnait un autre fil
À une autre
Et d’âme en âme
Elle tissait, elle tissait
Et plus une âme ne fut seule
Et plus une âme ne fut triste
Car d’histoire en histoire, les âmes s’étaient reliées
D’histoire en histoire, les âmes s’étaient réchauffées
Et dans ce rien
Et dans ce rien
Elle avait tissé

Petite femme
Grande dame
Elle a le vague à l’âme nomade

Petite femme
Grande âme
Tu portes mille vies
Jamais tu ne plies
Tu accueilles et nourris
Tu réchauffes et consoles
Tu es la richesse du monde

Petite dame
Grande âme
Tu es chacun de nous
Quand nous te laissons parler

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