A GwenN et Brenda
Merci à la voix d’Emmanuel Delattre de m’avoir accompagné tout au long de la rédaction de ce texte.
Ce conte est destiné à la tradition de la transmission orale, ce qui explique sa mise en page si particulière. Il sera publié en plusieurs parties sur le blog au fil des semaines.
Pieds dans les nuages,
La tête qui dépasse,
Il observe le monde à l’envers.
Il ne sait plus qui tient debout.
Tout ça le rend fou,
Dans ce labyrinthe flou,
Et cet univers mou,
Les parois se dissolvent.
Il regarde la Terre en bas,
Ce monde auquel il n’appartient pas.
Il observe les terres,
Rouges, jaunes, vertes ou grises.
Il observe les espaces,
Désertiques ou concentrées, bitumés.
Il observe les peuples,
Nomades ou sédentaires.
Il observe les océans, les mers, les rivières.
Il observe la fumée, grise, noire,
Destructrice
Il observe, analyse,
Essaie de comprendre chaque rouage
De ce mécanisme complexe,
De ces équilibres fragiles, si fragiles
Et si faciles à bousculer.
Il observe les hommes qui se consacrent à la Terre.
Il observe les hommes qui ne comprennent pas la Terre.
Et, il se demande,
Lui là-haut, tout là-haut,
Pieds dans les nuages,
La tête qui dépasse,
Qu’est-ce qu’il y connait après tout,
Il n’appartient pas à ce monde.
Il regarde ses pieds,
Alors, alors…
Deux pieds collés,
Dans sa propre fumée,
La tête qui dépasse,
Tête qui n’a pas regardé
Ses propres nuages.
Il se souvient pourtant,
Autrefois,
Il n’était pas si loin,
Lui, de tout ces hommes en bas,
Grondant, grouillant,
Si petits vus d’ici,
Si puissants de là-bas,
Un à un,
Un jour à la fois, une pensée à la fois.
Oh, ils sont si gris eux aussi,
Noirs parfois,
Jamais absents,
La tête si pleine de fumée
Qu’elle lui en sort des oreilles.
La tête pleine de pensées
Qu’elle colore le ciel.
Et les pieds…
Les pieds…
Son propre labyrinthe,
Mou,
Collé dedans.
Il voudrait aller là-bas,
Couler d’un toboggan,
Retourner en bas,
Là où il n’y a qu’à lever la tête
Et voir de loin ce tableau géant,
Ne plus être dedans.
Il y verrait ce qu’il ne voit pas.
Il dirait aux autres ce qu’il a vu d’ici.
Mais le croiraient-ils ?
Qui est-il, lui, après tout
Qui ne comprend même pas son propre labyrinthe ?
Il les trimbale ses nuages,
Les entretient parfois,
Leur donne des noms, les trie.
Tiens, regarde celui-là !
Celui qui a un long cou,
C’est le nuage papa.
Et le tout rond,
Tout cotonneux, à l’aspect moelleux,
C’est maman.
Un pour le frère, un pour la cousine.
Et on va les appeler les nuages famille.
Le petit-gris hérissé et agressif,
C’est le travail !
Celui qui ne lui plaît plus depuis longtemps
Et qu’il traîne quand même tout le temps.
Et le noir, le noir là-bas…
On n’en parle pas !
Il a une ou deux petites sœurs,
En forme de cœur,
On les laisse loin ceux-là !
Le plus loin possible,
Et on les traîne quand même
On les traîne de douleur,
On les traîne de peur,
Peur de les oublier,
Peur de les lâcher,
Peur d’être oublié,
Peur d’être lâché.
Il les connait ses nuages !
Bien même,
Trop bien peut-être.
Il fait semblant,
Semblant de les gérer.
–Gérer ! Quel mot affreux !
Voilà qu’il devient fou !
Seul dans son univers mou,
Aux limites floues,
Son esprit se dissout,
Il entend une voix.
-Non, non ! C’est moi, là, la petite voix !
Il regarde un peu partout,
Se tourne et se retourne
Autant qu’il peut, là, les pieds collés dans sa fumée.
Il jette un œil derrière les nuages famille,
Un autre derrière le nuage travail,
Et ne regarde pas trop, non pas trop
Les gros nuages noirs là-bas au loin
Qui blessent le cœur.
Et soudain, une petite chose jaillit devant son visage !
Une petite, petite, boule… de plumes.
Des plumes bleues de toutes les nuances,
Aux reflets dorés,
Avec une tête presque noire,
Et des yeux, des yeux d’une profondeur,
Et des yeux, des yeux d’une douceur…
Là, devant son visage, est apparu…un oiseau !
TO BE CONTINUED…
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