La valise aux nuages (2)

Là, devant son visage, est apparu…un oiseau !
Il en est encore à l’observer
Quand le volatile s’impatiente
Là devant son nez à battre des ailes, agité
–Si tu voulais bien tendre la main… dit-il essoufflé
Un peu sonné, il tend la main devant lui,
Sans vraiment comprendre ce qu’il se passe
Et l’oiseau se pose
–Ah, merci… C’est qu’il n’y a pas grand-chose pour se reposer ici !
Il, lui, ne comprend pas.
Il regarde autour de lui,
Il regarde les deux pieds, bien collés,
Puis cet oiseau dans sa main
Qui n’a pas trouvé où se poser ?
Qui est l’oiseau ?
–Excuse-moi, toi dans ma main,
Qui es-tu ? Et que fais-tu là ?
-Un oiseau, je me repose.
Il regarde encore autour de lui,
Puis l’oiseau.
–Oui… Pourquoi là ? Pourquoi moi ?
-Oh, ça ! …. Tu sais…
Il fait non de la tête.
–La curiosité ! Tu connais ?
Il hausse vaguement une épaule.
–Drôle de truc, ça… La curiosité.
Ma mère m’a toujours dit que j’étais curieux.
Oui, ça elle me l’a dit.
Elle me l’a tellement dit que je ne sais pas
Au final
Si elle me disait ça parce que j’étais curieux,
Ou si j’étais, enfin, je suis curieux parce qu’elle me le disait !
Lui, le bras toujours tendu,
La main ouverte, accueillante,
Hoche la tête
Sans vraiment comprendre,
Perdu dans d’autres pensées.
« Que disait-elle sa mère, à son sujet ? »
Ils restent là tous les deux un moment,
L’un reprenant son souffle,
L’autre ses souvenirs « Que disait-elle déjà maman à mon sujet ? »
Lorsque le fil des pensées et surtout de la conversation
Reprend son cours.
–Et que fais-tu là l’oiseau ?
-Oh, oui, pardon, je visite.
-Tu visites ?
–Oui.
-Il n’y a rien à visiter ici.
-Je visite tes nuages voyons !
-Mes nuages ?
Il reste là un peu bouche bée.
L’oiseau voyant son air perplexe reprend :
–Je visite le monde.
Le bas, le haut,
La droite, la gauche,
L’avant, l’arrière,
Même si tout ça s’inverse quand on change de sens !
Il est décidément bien curieux cet oiseau,
Enfin curieux, étrange oui se dit-il.
Il ne comprend rien à ces histoires
De haut, de bas, d’arrière, d’avant
De gauche, de droite, ou de l’inverse d’ailleurs !
C’est qu’il est intriguant tout de même.
Il a l’air si assuré et connaisseur.
–Alors, comment tu fais oiseau ?
Le monde est vaste et haut.
Ça doit être épuisant.
-Je me repose.
-Oui…
-Regarde là, je me repose.
Toujours perplexe, il s’impatiente.
–Ta mère aurait dû te dire qu’il ne faut pas être trop téméraire, c’est dangereux tu sais ?
-Téméraire ? Dangereux ?
-Oui, regarde-toi ! Comment tu as su qu’il y aurait quelque chose pour te poser ? Tu es épuisé.
-Oh, ça ! Il y a toujours quelqu’un au milieu des nuages !
-Comment ça ?
-Il n’y a toujours quelqu’un pour créer les nuages.
-Alors ? Alors ? Je ne suis pas le seul ?
-Non…
-Et comment tu fais quand il fait beau ?
Que le ciel est bleu, indéfiniment ?
-Il y a toujours quelqu’un dans le ciel bleu.
-Comment ?
-Oui, il y a toujours quelqu’un pour inventer le ciel bleu.
-Alors, il y a des gens qui inventent les nuages et d’autres le ciel bleu ?
-Oui, non, ce sont les mêmes !
-Les mêmes ?
-Oui.
-Comment font-ils ?
-Ils choisissent.
-Ils choisissent ?
-Oui, s’ils ont envie de nuages ou de ciel bleu !
C’est sûr que les trouver dans le ciel bleu, c’est un peu plus difficile
Avec les nuages, c’est plus simple.
En général, on les trouve loin un des très noirs là-bas,
(Il montre les nuages cœurs et sombres)
Et plus près d’un rond moelleux.
Même s’ils n’ont pas tous les mêmes noms.
Il reste abasourdi.
Des gens, comme lui, font des nuages,
Des nuages, qui ressemblent aux siens,
Avec des très sombres là, là-bas,
Dont on ne parle pas,
Et des moelleux aussi.
Et il peut choisir…
Choisir le ciel bleu.

Après un moment de silence,
Alors que l’oiseau semble reposé et commence à nettoyer et ajuster son plumage,
–Excuse-moi l’oiseau, comment ça marche ?
-Bah, je vole de personne en personne
Je visite, me repose, repars…
-Non, les nuages… Le ciel bleu…
-Ah ! Ça !?
L’oiseau se frotte le menton de ses plumes.
–Bah ! Ils choisissent.
-Comment ?
L’oiseau réfléchit un moment.
C’est que, il la connaît, cette conversation…
D’en haut, d’en bas
De gauche, de droite, d’avant et d’arrière.
Combien de fois l’a-t-il eu déjà ?
Il n’a certainement pas assez de plumes pour compter.
–Bien, c’est que ça prend un peu de temps.
Avant de choisir, tu dois apprendre une ou deux choses.
L’oiseau ouvre ses ailes et se secoue pour remettre toutes ses plumes en place.
–Ne t’en vas pas !
Du temps, j’en ai…
De la visite, si peu…
-De la patience, as-tu de la patience ?
-Je crois…
Comment sait-on si l’on a de la patience ?
-Eh bien, je pourrais commencer et on verrait…

                                                                                   TO BE CONTINUED…